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Dans « Kill », Nikhil Nagesh Bhat filme un trajet macabre en direction de New Delhi

L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS
Quatrième long-métrage réalisé pour le cinéma par Nikhil Nagesh Bhat, Kill vient apporter sa contribution à un mouvement qui semble définir un certain courant du cinéma indien contemporain : celui d’une sorte de nihilisme sentimental. La violence y est extrême, à la fois intensifiée par divers éléments mélodramatiques, mais aussi tempérée par un humour un peu bizarre, en décalage avec une brutalité restituée sans filtre. Le principe d’un récit de série B reposant sur quelques rudiments d’intrigue est, par ailleurs, ici, essentiellement ludique.
Il faut plonger divers personnages dans une situation qui imposera tout à la fois un enfermement de l’action, une limitation des péripéties et une chorégraphie particulière ; et puis tirer tout le parti pris possible de cette contrainte pour parvenir à un film d’une heure quarante-cinq en organisant le dépassement, par l’invention figurative et plastique, du postulat d’origine.
Amrit, officier des forces spéciales, tente de rattraper la jeune fille dont il est amoureux, mais qui est promise à un autre, en prenant le train pour New Delhi, à bord duquel elle se trouve en compagnie de sa famille. Les prémices mélodramatiques sont donc posées dans les premières minutes. Une bande de pilleurs de train s’empare des compartiments, se met à dévaliser et à brutaliser les voyageurs. Au héros de démontrer sa capacité à mériter la femme qu’il aime.
Kill est une longue suite de scènes d’action, parfois réjouissantes, de combats au corps à corps, déployées dans l’espace réduit et longiligne des wagons. Coups de poing, de pied, meurtres à l’arme blanche et jets de sang par hectolitres s’enchaînent au fur et à mesure des tentatives du héros décidé à sauver sa bien-aimée, jusqu’à ce qu’un événement ne transforme ses talents en pure rage meurtrière. On devine le film inspiré tout à la fois par un demi-siècle de productions d’arts martiaux et par les codes du jeu vidéo.
La cruauté macabre et inventive d’un film où le héros pend, tels des trophées, les cadavres de ses ennemis, se nourrit d’une maîtrise indiscutable du montage et du rythme, évitant ainsi le risque d’une certaine monotonie, tant il devient vite apparent que le film ne sortira pas de la route qu’il s’est tracé. La surhumanité du personnage principal n’est jamais vraiment questionnée. Ce sont donc quelques touches d’humour qui, de temps en temps, viennent perturber un mouvement totalement programmé.
Notamment lorsque les malfrats, d’une brutalité incroyable, se mettent à pleurnicher devant l’inéluctabilité létale du justicier solitaire. De même lorsque l’on découvre que des policiers s’étaient assoupis dans un wagon en queue de train et n’avaient pas compris que l’enfer se déchaînait à quelques mètres de leur compartiment. Cette manière tout à la fois de surenchère et d’ironie empêche véritablement de prendre le film totalement au sérieux.
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